Couper le cordon.

Publié le 21 Janvier 2015

Vue depuis Owhiro Bay sur Wainuiomata coast
Vue depuis Owhiro Bay sur Wainuiomata coast

Est-ce le manque d'activité induit par mon absence de moyen de locomotion a longue distance, ou simplement un approfondissement du désir que j'avais de quitter la France ? Ces derniers jours, je me suis retrouvé à arpenter les rues, à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres à pieds pour découvrir des recoins de Wellington que je ne connaissais pas : Owhiru bay, ce quartier au bord du détroit de Cook, perdu loin de la ville, où de petites maisonnettes sans prétention font face à un océan qui se déchaîne parfois sous les affronts des courants des vents du Nord et du Sud se rejoignant là ; Hataitai surplombant l'est de la ville et dont la vue imprenable sur les montagnes couronnées de prairies et de nuages bas donne des envies d'ailleurs et de vie rurale. Pourtant, je n'ai pas réussi encore à me décrocher de la vie publique française et de sa politique. Le contexte n'y aide assurément pas, mais suis-je venu ici pour garder un œil à ce que je souhaitais quitter ?

Matins et soirs, je parcours les twitts et les pages facebook de mes contacts politiques, et matin et soirs je ressens un peu plus d'antipathie pour eux. Pas pour les personnes, mais pour l'image qu'elles dégagent par leurs propos. Comme la liberté d'expression et la franchise semblent être de mises en ces temps, je vais m'aventurer à une critique que j'ai depuis longtemps et qui atteint son paroxysme. Je n'en peux plus de ces images de personnes, du même âge ou plus jeunes que moi, semblant n'avoir dans leurs vies d'autre intérêt que la politique, ou plus précisément de quête du pouvoir, dont la pensée n'est pourtant pas capable de dépasser le pas de leur porte. Elles vont jusqu'à se créer une vie sociale dans ce petit cocon, totalement déconnecté de la réalité du terrain et du reste de la France, s'éloignant un peu plus chaque jour de leurs concitoyens. Il est normale de vivre dans une cellule sociale dont on est proche, mais lorsque l'on est politique, n'est-ce pas de notre devoir que de s'en déconnecter ? Et pour quelle vie sociale, lorsque les mêmes qui un jour en insultent un autre en font le lendemain l'éloge, dans le seul but de parvenir à leurs fins. Je comprends également ce besoin de présence sur les réseaux sociaux, la seule apparition d'une personne contribuant à la faire connaître. Mais il me semble et m'a toujours semblé que cette tactique relevait davantage de l'égotisme que de la recherche du bien commun, ce qui devrait être le travail du politique. La surabondance d'images sans message permet-elle a des français dont le dégoût de la politique va croissant, de retrouver confiance en ce système ? L'erreur selon moi vient du fait que l'on a fini par penser que l'audience télévisée fait tout : est-ce parce que vous avez 20% de part d'audience lors de la diffusion d'un film que vous êtes capable de toucher l'ensemble d'un pays, sachant qu'il compte 67 millions d'habitants et que ces 20% d'audience en représenteraient seulement 7 ou 8 ? A force de penser que l'image et la communication sont la pierre angulaire à la quête du pouvoir, on a finit par en oublier le rôle même de la politique, celui de faire avancer les idées, quand bien même il s'agirait de ses propres idées. On en a oublié le but pour n'utiliser que le moyen. On ne construit pas une maison qu'avec des outils ; il faut aussi des briques et des mains pour le faire.

Ces questionnements ne sont pas que les miens, mais je ne peux même pas prétendre apporter ma pierre à l'édifice de la construction d'un renouveau de la politique par de si minces explications. Mais je ne suis pas en France, je suis en Nouvelle-Zélande. Je veux connaître ce pays, m'impliquer, le découvrir. Ces pensées qui me viennent lorsque je me connecte à internet étaient absentes il y a quelques années lorsque j'étais en Norvège, que facebook naissait à peine, et que Twitter n'était pas sorti de son œuf. Je ne m'en portais que mieux et améliorais ma socialisation et ma prise de distance face à l'actualité française. Je n'étais pas encore en politique, mais des élections présidentielles se profilaient et les médias internationaux ne m'en donnaient qu'une image plus neutre. Mes activités créatives ne s'en portaient que mieux.

Cette brève explication, aussi hasardeuse et non aboutie soit-elle (elle mériterait presque que je m'y attarde sur plusieurs pages), m'incite donc à prendre une décision radicale. Je décide aujourd'hui, pour au mieux me connecter à ce pays et discuter avec ses habitants, de couper tous mes liens avec ce qui fait l'actualité française, et avec cette politique dans laquelle je ne me reconnais plus, même dans sa jeunesse qu'on pourrait penser avoir la capacité de se renouveler mais qui finit par faire pire que ses aînés. Je coupe donc mon compte facebook politique. Je ne supprimerai pas mon compte Twitter, mais ne suivrai désormais plus ces personnes que je mentionnais, ou la plupart des médias français car j'en ai jusqu'à présent pas valu mieux que certains de ces français que j'ai croisés, en restant par l'esprit trop en France. Je veux ici me faire mon porpre avis, avoir ma propre analyse. Pas plus tard que ce matin par exemple, je découvrais que le couple irlandais qui partage ma chambre est intéressé par la politique néo-zélandaise. J'aimerai avoir un échange libre et sans aprioris avec eux, de même que je souhaiterai percer le fonctionnement de ce pays et comprendre ce qui incite tant d'européens à rejoindre Aotearoa, ce pays magnifique Quia tant à offrir en se laissant découvrir. J'ai toujours aimé l'analyse, comprendre et la meilleure méthode que je connaisse pour y parvenir est de tendre vers la neutralité, ce que je tente de faire aujourd'hui par ce geste. Mes réflexions désormais porteront sur la politique générale, sur l'idée que je m'en fait et non sur ce qu'elle est, et plus sur l'actualité française. Mes échanges se limiteront à ceux hors de mon cercle politique, à l'exception de ceux que je considère comme des proches. Je posterai également mes "créations" pour peu que j'en fasse et le récit de mes voyages.

Bonne continuation dans l'année qui vient à ceux qui liront ce long discours trop ampoulé comme toujours, mais j'ai la prétention de croire que le lecteur n'est pas un béotien et que chercher à déformaliser son langage dans un pur but communicatif revient à rabaisser son lecteur et à lui mentir sur qui l'on est. La suite de la Nouvelle-Zélande au prochain épisode donc

Rédigé par Pausanias

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